Les origines de l’Abbaye remontent à 1130. À cette date, Saint Norbert, fondateur de l’Ordre de Prémontré, installe une communauté de chanoines réguliers à l’Abbaye Sainte-Marie-aux-Bois, à proximité de Pont-à-Mousson. Au XVIIe siècle, ses abbés contribuent à la fondation de l’Abbaye de Sainte-Marie-Majeure, jouxtant la célèbre université jésuite de Pont-à-Mousson. Contrairement aux moines de Cluny ou Cîteaux, les Prémontrés ne vivent pas cloîtrés et ne sont pas voués qu’à la prière, l’étude ou le travail. Ce sont des évangélisateurs, tour à tour missionnaires, prédicateurs ou enseignants, qui deviennent des acteurs importants du développement de la région. Reconstruite au XVIIIe siècle, l’Abbaye Sainte-Marie-Majeure est alors l’un des foyers les plus actifs de la vie religieuse et culturelle de la Lorraine. Les chanoines sont expulsés en 1792 mais l’Abbaye survit à la tourmente de la Révolution et devient propriété de l’État en 1906. En 1912, elle est cédée à la ville et sert d’hôpital civil et militaire jusqu’en 1944. Durant la Première Guerre mondiale, elle subit de graves dommages et n’est plus qu’un amas de ruines après les combats de 1944. Les travaux de reconstruction sont entrepris en 1962. La restauration durera plus de 15 ans.

La première pierre de l’édifice fut posée en 1705 par l’architecte prémontré, le frère Thomas Mordillac. L’abbaye est achevée en 1735 par son élève, le frère Nicolas Pierson, à qui l’on doit l’introduction des éléments baroques évoquant l’architecture germanique. Ses vastes proportions et son élégante simplicité en font l’un des plus beaux exemples d’architecture monastique de Lorraine, classé monument historique en 1910 et 1919. L’édifice est composé aujourd’hui des bâtiments conventuels, du logis abbatial et de l’église abbatiale Sainte-Marie-Majeure. C’est la première église-halle de style classique de Lorraine. Elle présente trois vaisseaux de même hauteur couverts d’arêtes et éclairés par de très hautes baies vitrées, répondant en cela à l’esprit du Concile de Trente. Cette construction, très difficile à réaliser, impressionne par ses dimensions : 66m de long, 23m de large, 18m de haut. Au cœur de l’abbaye, le jardin du cloître est bordé de trois galeries traitées en couloirs, la quatrième étant occupée par l’abbatiale. La salle du Chauffoir, la Grande Sacristie, la Salle des stations, le Réfectoire des Chanoines, la Salle capitulaire s’ouvrent sur les galeries du cloître. L’abbaye est remarquable par la beauté de ses trois escaliers. On admirera le charme de l’escalier rond, puits sans fin, la prouesse architecturale de l’escalier ovale, escalier d’honneur soutenu par l’Atlante, dont l’élégante volute est ornée d’une grille en fer forgé digne de Jean Lamour et enfin l’escalier carré ou escalier des matines.

Depuis ses origines, le centre culturel de l’ancienne Abbaye des Prémontrés organise des expositions thématiques et d’art contemporain. Réputé pour réaliser des expositions d’envergure telles que « Lumières de cristal », « Charles et Émile Gallé » ou plus récemment « Collectionner la mode, de la malle au musée (1750-1950) », le centre culturel valorise également les artistes du Grand Est. Des centaines de peintres, sculpteurs, plasticiens ou encore photographes ont pu dévoiler leur savoir-faire. Ainsi les œuvres de Claude Goutin, Isabelle Adelus ou encore Pierre Gangloff ont tour à tour habité les salles historiques du monument. Moment phare de l’agenda culturel, le célèbre marché de la truffe et des produits régionaux. Après 19 éditions, cette manifestation suscite toujours le même engouement. Sans oublier l’incontournable rendez-vous des curieux et des passionnés de théâtre : la Mousson d’été. Ce festival d’écritures théâtrales réunit jeunes et professionnels de renommée internationale, pour donner lieu à des représentations devant le grand public, fruit d’un travail collégial.